Ecrit par le camarade Raymond Puippe, à l'occasion des 50 ans de la section de St-Maurice, en 2012.
Pour être socialiste à St-Maurice, il faut avoir une bonne dose de courage et beaucoup de ténacité. Il y a des socialistes et pour sûr à St-Maurice. Mais les camarades sont peu nombreux à répondre aux convocations du parti.
Et pour cause ! toutes les excuses sont bonnes et je dois louer les responsables, en particulier son président Jean-Marc Studer et son comité pour son dévouement à la cause du socialisme dans notre ville.
Un petit détour en arrière pour éclaircir certaines mémoires et redonner un espoir à ces dirigeants très volontaires et persuasifs. Après la dernière guerre 1939-45, je travaillais à l’usine à Vernayaz et à la pause de midi, j’allais rendre visite à mon oncle Paul Meizoz, député et père de Bernard, conseiller national socialiste vaudois. Âgés de 18 ans à l’époque, nous discutions de tout et de rien sur les problèmes de l’époque et surtout de politique.
En 1962, avec l’arrivée du camarade Alexis Henny d’Yverdon alors militant vaudois, un contact se fait et voilà que l’étincelle jaillit : la fondation d’un parti socialiste à St-Maurice. En 1963, le 14 octobre, la section de St-Maurice forte de 68 membres cotisants, se présente pour les élections communales. Nous obtenons deux sièges au conseil communal, soit les camarades Charles Rey, employé CFF et père de Micheline Calmy-Rey devenue présidente de la confédération et Gaston Müller, adjudant à la compagnie des Gardes-Frontières, et neuf sièges au conseil général. Un tabac en la cité d’Agaune !
Le parti affiche son entrée sur le sol agaunois dont le vieux lion Charles Dellberg sera le moteur déterminant pour le socialisme à St-Maurice.
Coup de poker en 1967 : voulant à tout prix conserver ces deux sièges, les responsables obtiennent un appui avec les dissidents Vuilloud et Veuthey pour conquérir un éventuel troisième siège. En somme, déjà une alliance avec le PCS. Sont élus deux citoyens Claude Rouiller, avocat et député qui deviendra Président du Tribunal Fédéral et Alexis Henny, président du parti, suite à la convention Vuilloud et sept camarades au Conseil Général.
Le parti subit une déstabilisation chez nos membres.
Le résultat est clair, net et précis.
Élection de 1971 : le parti conserve ses deux sièges et le président Henny laisse sa place à votre serviteur et revendiquera le siège de député. Hélas, la politique n’est pas toujours propre et les citoyens peuvent faire des erreurs dans les urnes. Débouté de toutes parts, le président quitte le bateau, mais reste membre du parti.
En 1975, le parti conserve ses deux sièges avec René Perren, employé CIBA, et votre serviteur et six sièges au Conseil Général. Le parti a de la peine et les cotisants ne répondent plus à l’incitation du comité en place.
Petite citation de Victor Hugo : « ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent »
Pendant cette période, la population agaunoise aura reçu le cadeau de la Berne fédérale, un cadeau de Noël attendu depuis 18 ans. Le bouchon routier sautera grâce à l’autoroute et il sautera comme les agaunois le souhaitent : en sous-sol. Les autorités ont débouché les meilleures bouteilles et sorti les drapeaux : victoire ! La fin de 18 ans d’obstination.
Le cri du conseil : voici un extrait du message de la municipalité aux deux élus socialistes :
Rouges, plus rouges que Pinpin
Sautez le fendant et la dôle
Vous serez encore plus noire que noir.
Socialistes, ne soyez pas abattus. Vous avez longtemps erré, cœurs rebelles. Mais Uchtenhagen vous appelle »
« Au pied de votre croix, tout confus, vous êtes des gouvernants maintenant. »
St-Maurice, ville sinistrée.
Les années 80 seront pour la commune de St-Maurice une très mauvaise page de son histoire économique : fermeture du Bois Homogène, licenciements au CFF, fermeture de la fabrique du Décolletage qui s’en suivit par l’arrêt complet de l’usine de ciment Portland, restriction du personnel de la Poste. Soit dans son ensemble, la perte de 350 places de travail.
Et pourtant, la population ne cesse de croître, le chiffre de 4000 habitants est atteint, et ce avec les nombreuses constructions.
Dans les années 84-92, le parti change de direction et le président en place ne manifeste pas beaucoup d’enthousiasme, mais nous conservons néanmoins notre siège à la municipalité et les cinq au Conseil Général et ce, malgré l’arrivée de la jeunesse agaunoise à la municipalité.
En 84, les « bleus » entrent à la municipalité, le tableau politique change de configuration, ce qui ne fait pas le bonheur des socialistes. Durant ces années de diète, notons les passages à la Municipalité des camarades Willy Stebler (trois périodes), Werner Grange, Charly Coutaz comme Vice-président de la commune, Christian Moinat et j’ai gardé pour la soif notre estimé Roby Clerc, emblème de notre parti durant deux périodes.
Merci amis camarades de votre dévouement et engagement au parti.
1962—2012 : 50 ans
Mon vœu pour les 50 ans d’existence du parti est que l’étincelle de 1962 devienne une flamme et que cette dernière propage un incendie chez tous les membres et sympathisants du parti et que ce dernier perdure à tout jamais. Et qu’au soir des élections, nous soyons tous réunis pour attiser ce feu de joie, ajouter une rose de plus à ce bouquet coloré par cette alliance de gauche pour cet anniversaire.
Merci à toutes et à tous de votre soutien à la cause du socialisme. Une rose en plus au bouquet pour notre camarade Alexis Henny, retenu à la maison de retraite foyer Ottanel à Vernayaz.
Remerciements aux responsables qui œuvrent pour la bonne marche de notre section, aux amis et à tous ceux qui nous soutiennent
Bon anniversaire et bonne chance
Raymond Puippe